FIVE HARGREEVES
2002.
he blamed himself for so long
Chaque matin était la même rengaine : dès que leur réveil sonnait à six heures, les enfants filaient à la salle de bain. Le petit déjeuner se prenait à six heures trente dans la salle à manger, là où chacun avait sa place attribuée autour de la table. Comme à chaque repas, aucune discussion n'était autorisée car c'était là que le paternel écoutait l'émission de philosophie qui passait à la radio. Quiconque venait à l'interrompre se voyait puni et récoltait deux heures d'entraînement supplémentaires ( qui s'avéraient être un enfer ). Lorsque le petit déjeuner était avalé et les enfants prêts, l'entraînement mental de leur éducation commençait, et cela jusque l'heure du déjeuner. D'une heure de l'après-midi à deux heures trente, ils avaient la liberté de faire ce que bon leur semblait, avant de reprendre l'entraînement physique qui consistait à des courses d'endurances, de combat rapprochés et d'excellence de leurs pouvoirs. Le soir venu, s'ils s'étaient montrés exemplaires, ils étaient récompensés d'une heure de télévision ou de jeux vidéos, selon les goûts de chacun. D'autres préféraient perfectionner leur capacités mentales, et s'installaient pour lire. A d'autres occasions, ils s'asseyaient et papotaient jusqu'à ce que le couvre-feu soit instauré.
Tout cela était bien beau, mais pour Five qui était déjà bien plus avancé dans l'apprentissage de ses capacités que ses semblables, le temps était long. Cela faisait des années qu'il maîtrisait ses déplacements spatiaux, et, quant bien même venait-il à peine de commencer à essayer de voyager dans le temps, il voulait s'y atteler bien plus. Mais il peinait encore sur quelques points importants de ce pouvoir, et malgré ce que le paternel lui disait ( qu'il fallait être patient et continuer à s'entraîner ), il voulait voir plus grand, il voulait y arriver. C'est pourquoi un jour, alors qu'il avait prit la parole sans y être invité, une dispute éclata entre le gamin et Hargreeves.
« I WANT TO TIME TRAVEL. I CAN DO IT.
- NO.
- BUT I'M READY: I'VE WORKED ON MY SPATIAL JUMPS, JUST LIKE YOU SAID.
- I FORBID IT. YOU WON'T GO, NUMBER FIVE. »
Il ne comprenait pas pourquoi le vieillard ne voulait pas l'écouter. Il était prêt, nom de dieu ! Il s'était entraîné pendant des heures dans l'espace de plusieurs jours, il était plus que prêt. Mais visiblement, ce n'était pas assez. Eh bien, ce n'était pas un soucis. Five sortit de l'académie en claquant la lourde porte en bois. Il passa le portail en ferraille, et courut dans la rue. Comment ça il n'était pas prêt ? Il allait lui montrer qu'il était plus que capable d'exécuter un voyage dans le temps ... ! Il trottina dans la rue, rassemblant l'énergie quantique qui lui était nécessaire pour sauter à travers le temps. Ses poings se serrèrent, une aura bleue se formant autour de ses mains et, en l'espace de deux secondes, voilà qu'il passait d'un temps maussade de novembre en un temps enneigé de février. Un autre saut dans le temps le ramena en plein mois d'août : il pouvait voir les femmes porter des robes, et le soleil lui brûlait la peau. Il était fatigué, mais il devait continuer, il devait prouver qu'il pouvait aller loin, qu'il pouvait partir aussi loin que possible et revenir le 10 novembre 2002 sans aucun encombres. Un dernier voyage et il rentrerait, s'était-il dit. Sauf qu'il ne s'attendait pas du tout à se retrouver là : là où toute terre n'était plus, là où tout bâtiment de la ville était détruit et tout n'était que cendres et gravats. Mais que s'était-il passé ? Qu'avait-il fait ? Quand était-il arrivé ?
Five s'approcha d'un morceau de journal qui semblait encore intact parmi les gravats qui jonchaient le sol. Le premier avril de l'année 2019 ... ? il avait réussi à voyager seize ans plus tard ?! Incroyable ! Mais ... Pourquoi est-ce que le monde était-il ... détruit, et était-ce réellement l'Apocalypse ? Une vague d'angoisse s'empara de lui, si bien qu'il décidât de repartir en 2002, pour affronter la colère de son père. Ce dernier avait raison. Il était encore trop tôt pour voyager dans le temps, surtout si le monde était voué à devenir ainsi. Il rassembla ses dernières forces et tenta de trouver assez d'énergie pour revenir en arrière. Mais impossible. Impossible de revenir dans le passé. NON ! pas maintenant !!
Il était coincé dans le futur. Seul. plus personne n'était en vie, il était le seul survivant.Quel cauchemar ... MAIS OUI ! Cela devait certainement être un cauchemar. Il se pinça le bras, espérant vraiment se réveiller, mais rien de tout cela était un rêve.
Sa première réaction fut alors de courir vers l'Académie. Avec un peu de chance, sa famille aurait survécu. Mais l'académie n'était plus que poussière et ruines. Il cria les prénoms de ses frères, ceux de ses sœurs, mais rien. Pas une réponse, pas un bruit ... rien. Puis c'est là qu'il les vit. Tous avaient changés, évidemment, ils avaient tous seize ans de plus. Ils étaient devenus des adultes, et ils avaient péri dans l'effondrement de la maison familiale. Luther, Vanya, Ben ... tous.
Il ne savait pas dire combien de temps s'était passé depuis qu'il s'était retrouvé coincé dans l'Apocalypse, mais il était certain que cela faisait des années. Il avait grandit et changé lui aussi. Il était adulte, maintenant, mais toujours aussi seul. Enfin, pas tout à fait. Il avait trouvé un mannequin en plastique dès qu'il avait commencé à chercher de quoi survivre ... et très vite, il l'avait appelé Delores. Elle l'écoutait parler, sans dire un mot. Il pouvait être aussi grossier qu'il le voulait, personne ne viendrait à venir lui ordonner de ne pas dire de gros mots.
Les mois passèrent et devinrent des années. Trente-huit ans avaient passés depuis son arrivée, et il n'avait jamais cessé de chercher un moyen de rentrer. La bibliothèque de la ville avait été quelques peu épargnée et quelques livres sur les mathématiques et la théorie du temps étaient restés intacts. Assez pour l'aider à trouver une nouvelle approche pour retrouver sa famille.
Il était certain d'avoir trouvé l'équation parfaite pour rentrer et prêt à mettre en pratique sa théorie, lorsqu'une femme apparut devant lui. Un femme énigmatique, sortie de nulle part, qui tenait une mallette à la main. Elle s'était présentée comme étant une maîtresse du temps, qui travaillait pour une organisation appelée La Commission, qui consistait à restaurer le cours de l'Histoire. La femme lui proposa alors un marché : pour cinq ans travaillés au sein de l'entreprise en tant que tueur à gages, elle viendrait à l'aider à rentrer chez lui et retrouver sa famille saine et sauve. Il accepta directement.
RUN BOY, RUN !
THE SUN WILL BE GUIDING YOU.
RUN BOY, RUN !
THEY'RE DYING TO STOP YOU.
RUN BOY, RUN !
THIS RACE IS A PROPHECY.
