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ATHOS, OF THE MUSKETEERS

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C'est au cours d'une mission pour le roi qu'Athos et ses trois compères furent envoyés dans un village près de La Fère. L'idée même de remettre les pieds aussi près de l'endroit qu'il haïssait le plus au monde le rendait malade. Mais les ordres restaient les mêmes : sécuriser le village de Versigny d'une éventuelle attaque. Pourtant, voilà qu'il avait décidé de désobéir et quitter son poste, chevauchant jusque sa ville natale par simple curiosité. L'odeur infâme de fumée vint alors lui emplir les narines. Qu'est-ce qui pouvait donc bien brûler de la sorte ? Ses yeux à la couleur de l'océan glissèrent vers le haut, suivant la trace noirâtre dans le ciel; ses jambes prirent le relais, le ramenant droit devant sa maison d'enfance qui partait en fumée, proie aux flammes qui semblaient tout droit venues de l'enfer. Sans savoir réellement pourquoi, voilà qu'il se retrouvait à courir vers la demeure, que ses bottes de cuir foulaient le marbre du sol et dévalaient les escaliers.  Son attention fut attirée par une silhouette, bien qu'il était certain d'halluciner. Il n'y avait personne dans cette maison.  Pourtant, cette silhouette, il pouvait la reconnaître entre milles : c'était elle. Puis soudain, plus rien. Lorsqu'il ouvrit de nouveau les yeux, on l'avait tiré hors de la maison qui n'était plus que ruines à présent. Le plus jeune des mousquetaires, d'Artagnan, l'avait suivit afin de s'assurer que rien n'arriverait à son ami. << Qu'est-ce qu'il t'as pris d'entrer au beau milieu des flammes ? Tu es complètement fou, ma parole ! >>   Oui, peut-être l'était-il.  <<  Depuis que je suis arrivé ici, j'ai ressenti sa présence partout. Je pensais l'avoir imaginé ... >> Marmonna-t-il.  <<  Qui ? Athos, de qui parles-tu ? >>   Une secousse, puis deux, des mains qui agrippaient son manteau en cuir.  <<  Ma femme. Je l'ai faite tuer. Elle le méritait. >>

<<  Regarde-moi.  Athos, regarde-moi !  Est-ce que tu es en train de me dire que le fantôme de ta femme a essayé de te brûler vif ? 

-     Elle n'est pas morte, d'Artagnan. Elle a survécu par je ne sais quel moyen.  Et, ça, c'est ça revanche ... Bon sang, c'était mon devoir : c'était mon devoir de faire respecter la loi ... ! Cétait mon devoir de condamner à mort la femme que j'aimais. Je m'étais accroché à la croyance que je n'avais pas d'autre choix ... et j'ai passé cinq ans à apprendre comment vivre dans un monde sans elle, cinq ans à errer et à être hanté par son souvenir.  Tout cela pour me rendre compte que c'était chose perdue. >>

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La vie de mousquetaire n'offrait pas grand luxe : tout ce que l'on possédait, travaillant pour le roi, n'était qu'une vulgaire chambre à la caserne;  forteresse adjacente au pont royal. On possédait également un cheval, qui restait votre depuis votre entrée dans les rangs et jusqu'à ce que la pauvre bête ne vienne à mourir, ce à quoi on vous en attribuait un autre. On offrait également au mousquetaire un mousquet et un pistolet. En ce qui concernait son épée, elle était généralement un héritage de famille. Athos ne bénéficiait pas de plus que ce dont on lui avait donné : ses armes et son fidèle Xanthe, nommé en l'honneur de la mythologie grecque. Il ne demandait pas plus, ne voulait pas moins. Il était heureux ainsi, et la vie de comte ne lui manquait pas plus que cela. Après tout, celait faisait maintenant cinq ans qu'il avait fuit ses responsabilités, cinq ans qu'il avait tiré un trait sur un passé tâché de sang. Il ne voulait pas revenir en arrière, ne voulait pas y penser une seconde. Mais son passé le frappa de plein fouet lorsque, sortie de nulle part, Anne se trouvait en chair et en os devant lui.

<<  Alors tu as survécu. Comment est-ce possible ? Je t'ai vu te balancer au bout de cette fichue corde !

-     Tu n'as pas eu le courage de regarder, je ne te connais que trop bien, Oli— >>   elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle était plaquée contre le mur du palais royal.  

<<  Il y a des années qu'on ne m'a pas appelé ainsi. Je t'interdis de prononcer ce nom.  Maintenant écoute-moi bien. Si je te vois dans ce palais encore une fois, je finis le travail que le bourreau n'a pas accompli. C'est compris ?

-     Tu ne tuerais pas la favorite du Cardinale, tout de même ? 

-     Toi et moi savons très bien que j'en suis capable.  >>  

Et pas un autre mot n'avait été prononcé. Il avait tourné les talons, une main gantée sur le pommeau de son épée et l'autre serrée en un poing rageur.   Celle qu'on appelait à présent Milady de Winter observa la silhouette familière s'éloigner d'elle, avec cette sensation infâme d'être bien trop serrée dans son corset.  Leur sang bouillonnait au creux de leurs veines, aucun ne pouvait nier qu'ils avaient changés. Elle semblait être épanouie, comme si elle avait omis d'avoir commis un crime — ou était-ce plusieurs ?   Quant à lui, elle pouvait voir à quel point il semblait peiné. Il fallait être aveugle pour ne pas voir qu'il était tourmenté par ce qu'elle avait causé à leur couple. Et bien qu'elle s'en voulût d'avoir brisé un tel homme, elle ne regrettât pas ses actes.

Au cours des deux années qui suivirent, il ignora la présence de sa femme au sein de la ville, fit en sorte de ne jamais la croiser lorsqu'il savait où la trouver, et faisait de son mieux afin de ne pas tomber nez à nez avec elle, lorsqu'il était de garde au palais. Depuis un moment, le roi Louis XIII avait décidé qu'il était nécessaire pour lui d'avoir des gardes, comme s'il craignait que sa vie ne soit en danger. Et il avait bien raison. Son nouveau Premier Ministre, le Comte de Rochefort, était en réalité un espion qui travaillait pour le royaume d'Espagne et qui avait pour but de faire assassiner le roi de France afin d'affaiblir les troupes militaires, rendant alors l'attaque espagnole plus facile.  Cependant, Milady, qui avait toujours eu un penchant pour les ennuis, s'était mis en tête l'idée d'aider les mousquetaires à rétablir justice sur le pays, par n'importe quel moyen. Ainsi, malgré la réticence et l'indignation d'Athos, elle prenait part aux missions secrètes qui se déroulaient entre les quatre acolytes, leur capitaine et la compagne de d'Artagnan, qui étaient les seuls à connaitre la vérité sur le Comte de Rochefort.  Répartis en trois groupes de deux, l'ancien couple se retrouva à coopérer ensemble  —— pour le plus grand désespoir du militaire, qui ne pipait pas un mot depuis qu'ils s'étaient introduits dans le bureau du premier ministre de France.

Accroupie devant le bureau et essayant de crocheter la serrure d'un des tiroirs à l'aide d'une de ses pinces à cheveux, elle observa la silhouette de l'homme qui demeurait tout de même son époux, qui se trouvait occupé à retourner les livres de la bibliothèque à la recherche d'une quelconque lettre qui pourrait inculper le traître.

Elle allait prononcer un mot, quand il se tourna vers elle avec une lettre portant le sceau personnel de Rochefort à la main. Ils avaient trouvé leur preuve: dans cette lettre adressée au roi d'Espagne, le Premier Ministre exposait son plan pour faire assassiner Louis XIII. Des pas se rapprochant du bureau les fit se regarder d'un air paniqué ——  ni une, ni deux, voilà qu'ils s'entassaient derrière l'une des nombreuses bibliothèques, dans une alcôve. Afin que sa robe bouffante ne dépasse pas de leur cachette improvisée, Athos la maintenait contre le mur, et, grâce aux couleurs sombres de son uniforme, il se fondait dans le décor obscur.  Visages maintenus à quelques millimètres l'un de l'autre, il était impossible pour eux de contrôler cette attirance qu'ils n'avaient alors jamais autant ressenti par le passé que en cet instant précis.  Alors, au moment même où la porte du bureau s'ouvrait, leurs lèvres se rencontraient, leurs mains agrippaient les différentes textures de tissus : brodé pour sa robe vert émeraude, rugueux pour son manteau en cuir. Ils ne surent pas combien de temps s'était-il déroulé entre l'arrivée impromptue de la personne et son départ, mais lorsque la porte fut refermée et qu'ils furent de nouveau seuls, ce fut à contre-coeur qu'ils se séparèrent.

 

   << Je croyais que tu voulais me tuer si jamais tu me croisais à nouveau ? >>  le taquina-t-elle tandis que ce même air espiègle — et ce sourire tendre apparaissait sur les lèvres rouges de la jeune femme.

 -   Ne commence pas. >>  lui avait-il répondu, bien qu'un sourire semblable s'était dessiné sur le visage du mousquetaire.

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Tous deux avaient bien changés : ils n'étaient plus des enfants. Il pouvait encore se souvenir :  lorsque les gardes étaient venus pour l'emmener être exécutée, elle professait encore son amour éternel pour lui, elle le suppliait de l'épargner, le suppliait de lui laisser la vie sauve ...  Et très vite, le Comte réalisa à quel point elle avait compté pour lui, mais il était trop tard. Sa trahison était bien plus grande que celle de sa femme n'aurait jamais pu l'être. Il avait abandonné son titre, sa terre, tout ce qu'il avait acquis par le passé, pour ne plus jamais être vu ni entendu de ses locataires, tout cela par amour pour elle.

 

 Ils regrettaient ce qu’il s’était passé entre eux, chaque moment qui s’était déroulé. Elle le voyait, maintenant, dans la pâleur du lever de soleil. Chaque baiser, chaque embrassade et chaque caresse : tout n’était que regret au petit matin. Aucun ne voulait admettre qu’ils étaient retombés dans les filets de l’autre, cédant à la chair tentatrice et au désir –—— non, c’était bien plus douloureux que d’avancer et d’oublier. Aucun ne voulait admettre qu’ils ressentaient toujours quelque chose —— qu’ils éprouvaient toujours des sentiments –— envers l’autre. 

Le souvenir de la nuit passée jouait encore dans son esprit. Il l’avait embrassé le long de sa clavicule, de son cou, de ses joues, ses lèvres et même sur les courbes de son abdomen. Elle avait remarqué que ses mains étaient bien plus calleuses qu’elles ne l’étaient auparavant, lorsqu’il les avait posées sur ses hanches ; mais cela ne l’avait pas dérangé. Leur amour était demeuré le même, aussi passionné qu’avant, brûlant toujours de désir bien plus chaud que le soleil lui-même. Comment pouvaient-ils le nier ?  Et lui, savait qu’il n’oublierait pas le tracé de ses ongles le long de son dos, éraflant son épiderme, il savait qu’il n’oublierait pas les jambes qui le maintenaient prisonnier, entre ses cuisses. Il savait qu’il n’oublierait pas l’odeur familière de sa peau, ni même le toucher de ses boucles brunes.  

Et pourtant, quand ils s’étaient levés du pauvre matelas miteux au centre de la petite pièce humide, elle réalisa que le monde autour d’eux n’était plus le même. Il comprit qu’ils ne pouvaient jamais recommencer —— même si la tentation était forte. Ils s’étaient peut-être aimés, ils s’étaient peut-être désirés, mais étaient-ils l'homme et la femme qu’ils étaient devenu, forgés par ces années de martyr ; ou demeuraient-ils les fantômes des années passées ?  

Il le regrettait ——— elle avait pu le voir dans son regard, ces mêmes yeux qui ne voulaient pas la regarder directement.  Et malgré qu’elle eût l’impression d’être aussi séduisante qu’au premier jour, malgré son corps drapé dans le tissu fin qui les recouvrait autrefois, son regard bleuté ne se dirigeait que vers la fenêtre. Elle était venue le voir cette nuit-là, avec l’idée de s’enfuir ensemble, mais les mots n’avaient jamais franchi ses lèvres. Cela pouvait attendre un autre jour, une autre fois.  Au moment où ils auraient tout deux acceptés ce qu’il venait de se passer en cet instant, lorsqu’ils auraient tout deux acceptés la seule vérité qu’ils refusaient d’admettre. 

  

Elle regrettait de ne lui avoir rien dit :  cette nuit-là, peut-être que, prit dans le feu de la passion, il aurait accepté de venir avec elle. Il aurait alors quitté son devoir de mousquetaire et tout serait redevenu comme avant. Ou presque. Elle regrettait que maintenant, elle savait que cette nuit avait tout changé pour eux —— et qu'elle ne reverrait jamais leur fils, qui attendait toujours sagement l'arrivée de ses parents, à La Fère.

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<<  I AM NOT FREE. I AM BOUND TO YOU, AS YOU ARE TO ME. YOU KNOW THERE CAN BE NO PEACE FOR NEITHER OF US UNTIL WE'RE BOTH DEAD, MY DEAR ATHOS. >>
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