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The Sheriff

Floride, Zone sécurisée d'Alexandria, 2018.

 

           Le soleil se levait sur Alexandria, ce petit lieux de refuge où vivait la communauté de Rick Grimes. Bien que le monde fut anéanti par ce virus rendant les cadavres en zombies, une poignée d'humains était encore en vie et se battait pour survivre.  Certes, ils n'étaient pas beaucoup, mais il y avait des communautés par-ci par-là, éparpillées dans les alentours: on y comptait le Royaume et la Colline parmi les alliés d'Alexandria. Le reste n'était qu'ennemis, tels les Sauveurs et les Chuchoteurs, sans compter les rôdeurs qui n'attendaient que de vous mordre. 

                La porte en bois de la maison Grimes s'ouvrit, laissant l'aîné des enfants dévaler les marches, chapeau de shérif vissé sur la tête. Les bruits de bottes du patriarche contre les planches de la terrasse résonnaient dans le calme quasi olympien qui régnait dans la petite ville. Le regard azur de Rick se posa sur les maisons encore endormies, là où les personnes qui avaient sa confiance se reposaient. 

                 Près des portes d'entrée se trouvaient les gardes de nuit, Jerry et Marcus, qu'il salua d'un geste de la main avant de la reposer sur la cuisse de la petite fille qu'il portait dans ses bras.  Elle, son frère et quelques jeunes du village étaient la nouvelle génération, celle qui allait survivre assez longtemps pour voir un remède être mis en place et ainsi arrêter la pandémie qui se propageait dans le monde entier. Ils étaient la seule source d'espoir que le restant d'humanité avait. 

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Se faire traîner au sol comme un vulgaire chien n'était jamais plaisant. Mais lorsque Negan le tira par le col de la veste, forçant son corps à rafler le gravier, Rick se sentit comme étant un moins que rien. Il avait l'impression de n'être rien pour personne. Comment un homme comme ce tyran pouvait-il être apprécié par tant de personnes? Comment les Sauveurs pouvaient-ils tolérer ce mercenaire comme leur chef? Comment pouvaient-ils discuter avec lui et obéir à ses ordres? 

           Alors qu'il était attiré vers la caravane dans laquelle il fut jeté à l'intérieur, il vit la porte se refermer, coupant son seul visuel sur sa communauté, sur ses amis, sur sa famille.  Qu'adviendrait-il de lui? Qu'allait-il se passer dans cette foutue caravane? Allait-il être tué, lui aussi? Allait-il subir le même sort qu'Abraham et Glenn? 

           La caravane démarra, l'homme à la batte de Baseball au volant. Le shérif, coincé dans son mutisme, n'osa pas bouger tandis que l'autre déblatérait. Rick ne pouvait pas prononcer un son. Il savait que s'il parlait, sa voix serait rauque, comme s'il aurait crié de toute ses forces des heures durant.

            Il s'arrêtèrent devant un pont où ils furent prit dans une embuscade:  une horde géante de rôdeurs dans laquelle Negan le poussa sans remords les entourait. Il l'avait forcé à combattre ces créatures seulement muni de sa hachette. Terrifié à l'idée de périr face à cette marrée de morts-vivants, Rick souleva son arme et frappa sans s'arrêter.  Jusqu'à ce qu'il soit prit au piège au dessus de la caravane, le corps entier tremblant de terreur.

           Il avait fait tomber sa petite hache et il n'avait aucune autre arme à porté de main. Il était foutu, pensa-t-il alors qu'il faisait bien attention à ne pas se tenir trop près du bord, là où les mains des rôdeurs tentaient d'attraper ses chevilles.  Piégé parmi la vague de chair humaine en décomposition, il prit le temps d'observer ce qui l'entourait.  Il y avait une lourde chaîne qui était suspendue au pont, mais un cadavre y était pendu et gigotait, emprisonné entre les chaînes.  C'était sa seule issue. C'était son seul moyen de revoir Carl, de revoir Judith, de tous les revoir.

            Il recula jusqu'au bord du toit, puis, alors qu'il entamait une course sur la tôle fragile, le shérif sauta sur le rôdeur pour s'y accrocher et éviter de tomber parmi les autres qui se tenaient en dessous.  Mais son poids l'attirait vers le fond et le cadavre qui lui servait de point d'encrage bougeait, ce qui ne lui donnait pas un bon équilibre. Pourtant, c'est avec une volonté de fer qu'il se hissa à la force de ses bras, évitant les crocs et les griffes du rôdeur. 

• • • 

Lorsque le petit matin pointa le bout de son nez, la caravane fut garée à l'endroit exact d'où ils étaient partis. Tout le monde y était encore. Même ces deux corps.

            La simple vue des corps d'Abraham et Glenn lui donna les larmes aux yeux. 

Épuisé, Rick tomba sur ses genoux, respirant mal. Mais le combat était loin d'être fini.

            « Ricky, ta dernière mission. . . Est d'amputer ton fils. Après tout, il lui manque déjà un œil, alors un bras en moins ne changera   pas grand chose, pas vrai?­­

              - Non.

              - Pardon? Je crois que je n'ai pas bien entendu.

              - Je ne couperais pas son bras, s'il vous plait. Tout, mais pas ça.

              - Oh, mais là que c'est le plus important et le plus palpitant! Rick, pense à la vie de ton fils, et fais-le. Ou c'est moi qui le fais,     et Dieu sait que j'ai tendance à déraper. »

 

             Là encore, le shérif supplia son tyran d'épargner la vie de l'adolescent. Mais les nerfs d'acier de Negan commençaient à chauffer, et il ne tarda pas à gifler le chef de la communauté d'Alexandria. 

             « Obéis moi. Tout de suite. »

             Contraint de faire ce qu'il lui était demandé, la main tremblante du paternel vient attraper la hachette qui avait été déposée à ses pieds. Le bras de son fils, sur lequel était tracé un trait noir au feutre, était disposé juste devant ses yeux.

           Son corps tremblait de peur et de refus, mais il parvint à lever la hache, prêt à l'abaisser sur le morceau de chair, sous les supplications de son fils qui lui disait d'abréger et d'obéir. Seulement, lorsqu'il allait baisser l'arme, la batte de Baseball intervint et arrêta la trajectoire de la hachette. 

                « A partir  de maintenant, tu m'obéis, tu m'appartiens. Tout ce que tu trouves est à moi. Tout ce que tu récoltes est à moi. Tu ne paies allégeance qu'à moi et tu ne réponds qu'à moi. Est-ce clair?»

Tout ce que Rick pu faire fut d'hocher la tête.

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